« Ceci n’est pas un déchet!!! »

Il y a bien longtemps, j’ai pesé mes « déchets » (plastiques, papiers/cartons, divers, bouteilles, organiques) afin de faire mes petites stats. c’est une étape comme une autre pour évoluer vers un mode moins consumériste. J’ai bien compris que tout le monde ne faisait pas cela chaque 1er du mois. J’ai été interpellé par le poids des déchets organiques ménagers: environ 5 kg/mois. La moyenne européenne par personne est de 8 kg/mois, soit 100 kg/an. Au 1er janvier 2018, l’Europe à 28 comptait 512.6 millions d’habitants. Cette matière, ce potentiel organique, est conduit généralement soit vers l’incinérateur, par le biais de la poubelle blanche, soit vers un biodigesteur, par le biais de la poubelle orange. dans les deux cas ce sera pour produire de l’énergie. On aurait tendance à considérer que cela pourrait produire de l’engrais ou du terreau? Ben non, raté! Je te laisse donc faire le calcul de cette matière première jetée bêtement chaque année en Europe. Par contre, ce qui servira à créer du beau terreau, ce sont les déchets verts des parcs à conteneurs: branches, gazon, …

Pour la petite histoire,« Long time ago, in a far away galaxy », avant l’invention de la poubelle, par le français Eugène Poubelle en 1884 à Paris, tous les déchets organiques produits par une ville étaient renvoyés vers les terres de culture pour y maintenir un certain équilibre. Conséquences de notre super mode de gestion des déchets de cuisines: on appauvrit nos sols. On remplace les matières premières naturelles par des engrais chimiques et autres produits qui n’ont rien de naturel. Le système du retour au producteur ne fonctionne absolument plus, et pas seulement en Europe.

Déménager en dehors de Bruxelles nous a notamment permis d’avoir un jardin et au fond de celui-ci existait déjà un tas de « compost ». Alors au lieu de toute mettre dans la « bonne poubelle », tout a été mis au « bon endroit ». Toutes les chutes (« ceci n’est pas un déchet« ) de cuisine partent direct au COMPOST, hormis les résidus de viande et de poisson, ça, c’est poubelle blanche pour incinération. Quoiqu’il y aurait des nuances à apporter ici.

C’est vraiment le seul « déchet » que je suis content de produire; à la limite j’en redemande! Je suis heureux d’aller tous les soirs déposer les chutes de cuisine dans le compost. Et quand je prépare à manger, je m’éclate et j’en mets partout. Cela permet d’avoir un vrai contrôle positif sur ce que nous produisons. A notre niveau nous bouclons une boucle vertueuse: retour au producteur d’une certaine manière.

Notre seule intervention ne le fait par contre pas fonctionner tout seul. Nous avons de nouveaux amis qui bossent gratos pour nous et cela, toute l’année ronde. Les vers de terre sont nos amis, il faut les aimer aussi. C’est notamment grâce à eux que nous avons des sols de qualité. On obtient grâce à eux du bon terreau de jardin pour pas un rond! Mais surtout, cela évite d’acheter des sacs oranges et des sacs de terreau. Petites économies, d’accord, mais quand même.

Le principe de fonctionnement d’un compost est simple: utiliser toute une armée de micro et macro-organismes (bactéries, algues, virus, protozoaires, vers de terre, colemboles, insectes, larves, acariens, cloportes, escargots, limaces, champignons, notamment) pour transformer une feuille de salade ou une peau de banane (sans l’étiquette collante Chiquita) en quelque chose qui se rapproche le plus possible de la terre. L’objectif est de récupérer les nutriments de base mobilisables à une nouvelle utilisation.

Ce sont donc les micro-organismes et d’autres êtres vivants qui fabriquent le compost à partir de la matière organique dont ils se nourrissent. La réussite d’une telle opération et la qualité du produit fini dépendent fortement du « menu » que nous offrons à cette armée. Comme elle se rendra sur le champ de bataille toute seule, il suffit de simplement se concentrer sur l’approvisionnement des soldats et de l’organiser dans le temps et l’espace.

Voici la liste des matières premières nécessaires à alimenter tes petits soldats.

L’important dans un compost c’est le rapport Carbone/Azote. Le carbone « C » est l’élément de base de la matière organique et l’azote « N » est indispensable à l’élaboration des protéines. Ce n’est donc pas tout de jeter ses résidus de cuisine sur un tas. Un compost va s’apparenter en définitive à la construction artistique d’une lasagne, en récupérant tout ce qu’on a sous la main dans la cuisine mais aussi dans le jardin, voir même une écurie, si tu as la chance d’en avoir une près de chez toi.

Maintenant que nous avons la liste de course dans les mains, on passe à la Recette. Elle est simple et se compose de 4 étapes.

Bien choisir le lieu de compostage : Il devrait être facile à atteindre par tous les temps. Plus le compost est près de l’habitation, moins vous aurez d’hésitations à faire le trajet avec le récipient des déchets. Le compostage devient d’autant plus agréable que l’aire de compostage est bien située. Ne reléguez pas votre compost dans le coin le plus reculé de votre jardin, mais donnez lui la place qu’il mérite en tant que fournisseur de matières nutritives, améliorateur du sol et transformateur de déchets.

NB: en Angleterre, ils font même pousser des courges sur celui-ci! Bref, joli camouflage, pratique et bon!

Construire ou installer un bac à compost. Il peut prendre différentes formes en fonction de la possession ou non d’un jardin, grand ou petit, d’un balcon ou une petite terrasse d’appartement; le compostage en tas, le bac à compost, la compostière, ou encore le lombri-compostage. Nous disposons d’un compost en tas, de forme rectangulaire, encadré d’une palissade en bois et de deux clôtures et ouvert sur un côté. Notre compost est en contact direct avec le sol et permet aux vers de terres de passer du sol au compost à l’aise.

Disposer la matière organique en différentes couches tel une lasagne en alternant les différents types de matière organiques que vous avez sous la main dans votre cuisine et jardin. Une liste plus complète est dispo ici. Tout le monde ne dispose malheureusement pas un tas de fumier dans son jardin ou sur son balcon d’appartement en ville. Nous constituons notre lasagne avec des coupes de gazon, des restes de cuisines, des bouquets de fleurs, des feuilles mortes, des branches coupées, et des restes de notre jardin potager mais aussi avec du marc de café, qui provient notamment du bureau (attention quand même à l’acidité).

Retourner et aérer le tas de compost, disons une fois/mois

Un compostage tout compris ne prend en moyenne que 3 minutes/jour ou environ 18h/an.

Nous utilisons le compost pour enrichir notre sol, qui, là où nous vivons, est d’assez mauvaise qualité; mais aussi comme engrais. Il remplace largement les mélanges de terre et engrais disponibles dans le commerce. Cependant, nous sommes limité par sa quantité. Nous faisons donc des mélanges de compost, de terreau en provenance du commerce et de terre à disposition.

Nous l’utilisons pour toutes nos cultures : légumes, plantes à fleurs annuelles, herbes potagères, plantes vivaces, buissons à fleurs et fruitiers, arbres fruitiers, pelouses, dans les bacs à fleurs ou à l’occasion de plantations d’arbres ou de préparation et d’amélioration de terrains.

De manière générale

  • Il favorise la croissance des végétaux et des racines,
  • Il améliore le rythme de diffusion des nutriments,
  • Il améliore la porosité du sol,
  • Il améliore la capacité de rétention d’eau,
  • Il accroît la résistance à l’érosion par le vent et l’eau,
  • Il favorise la limitation des maladies chez les végétaux.

En définitive, avec un peu de temps, de l’huile de bras, des amis invisibles, des ressources naturelles gratuites mises à disposition par la nature et ce que tu as cuisiné chez toi avec passion, tu auras produit une nouvelle matière première intelligemment. En plus tu auras pris l’air et tu te seras changé les idées en revenant du boulot. Tout bénéfice moi je dis!

As-tu déjà fait l’exercice de peser la quantité de déchets organiques que tu sors de ta cuisine toutes les semaines, au moins une fois? N’hésite pas à nous en parler en commentaire et nous dire ce que tu produit par semaine. Cela nous intéresse. Tu pourras aussi te rendre compte de ta moyenne annuelle et sans doute changer ton mode de consommation.

Au final, penses-tu que tu pourrais utiliser tous tes résidus de cuisine et de jardin plus intelligemment que d’aller mettre tout à la poubelle ou au parc à conteneurs?

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